Ecoute musicale en CSI
Les mesures de contention dans la prise en charge des patients psychiatriques sont très controversées, en Suisse comme dans d'autres pays européens. Le placement en chambre de soins intensifs (CSI) ou en chambre sécurisée (l’appellation varie d’une institution à l’autre) - espace verrouillé visant à réduire les stimulations sensorielles afin que les patient.e.s puissent reprendre le contrôle de leur état psychique et de leur comportement - est problématique à plusieurs égards : il s'agit d'une atteinte à la liberté, à l'autonomie et à la dignité des patient.e.s ; la fonction thérapeutique et l'efficacité de la mesure ne sont pas avérées ; l’hypostimulation sensorielle peut présenter des risques ; finalement, ce type d’intervention rend difficile l’établissement d’une relation soignante basée sur le dialogue et les interactions.
Face à ces problèmes, un besoin fort de repenser et de réaménager les pratiques de soins se fait sentir. Le recours à la musique pour meubler le silence de la chambre tout en réduisant le sentiment de solitude et d'abandon exprimé par les patient.e.s semble une piste porteuse, surtout si ces derniers ont la possibilité de gérer eux-mêmes le dispositif qui diffuse la musique, retrouvant ainsi une certaine autonomie et une emprise sur leur environnement. Ces considérations ont constitué le point de départ d'un projet de recherche-action (Amenhotep, 2012-2106) qui a permis de développer un dispositif d'écoute musicale conforme aux règles de sécurité très strictes des services de psychiatrie aiguë et d'élaborer un choix de morceaux de musique.
Ouvrage du collectif sur le sujet : Musique et santé mentale : orchestrer la rencontre, 2021, Champ social éditions